Comment les corps atypiques répondent différemment au stress
Quand tout semble aller bien mais que ton corps crie 'stop' : guide pour les femmes sensibles en milieu professionnel
Tu connais déjà cette sensation : tout semble tenir, les obligations sont remplies, et pourtant, il y a ce poids sourd, cette fatigue qui ne part pas. Pour beaucoup de femmes neurodivergentes, le stress ne se manifeste pas seulement par de l’anxiété mentale — il s’incarne. Le corps parle un langage précis. Savoir l’entendre change tout.
Stress : pas qu’une histoire de pensées
La plupart des conseils classiques contre le stress ciblent la pensée : restructurer une croyance, mieux s’organiser, poser des limites. Ces stratégies sont utiles, mais elles laissent souvent un fragment majeur de côté : le système nerveux. Chez les personnes neurodivergentes, ce système peut réagir plus fortement, plus vite, et parfois de façon contre-intuitive. Ce n’est pas une faiblesse : c’est une façon différente de fonctionner.
Réactivité sensorielle et charge d’énergie
Beaucoup de femmes neurodivergentes présentent une sensibilité sensorielle accrue : bruits, lumières, textures, températures — tout cela demande de l’énergie pour être filtré. Chaque filtrage mobilise des ressources. Après des journées de « masquage » social (faire comme si tout allait bien), le cerveau et le corps ont peu de capacité restante pour réguler. Résultat : fatigue persistante, irritabilité, douleurs musculaires.
Points clés :
Le filtrage sensoriel consomme de l’énergie cognitive et physiologique.
Les environnements de travail exigeants (réunions, open space, emails constants) accélèrent l’épuisement.
Le sommeil peut être profondément perturbé par cette surcharge sensorielle.
Masquage social : stratégie coûteuse en énergie
Le masquage — se conformer aux attentes sociales pour éviter le jugement — est fréquent. Il protège à court terme, mais il épuise à long terme. Physiologiquement, le corps reste en état d’alerte : tension musculaire chronique, respiration superficielle, activation vagale irrégulière. Ce maintien d’alerte continue peut ressembler à une tension permanente dans le cou, les épaules ou le bas du dos.
Conséquences :
Douleurs chroniques et tensions musculaires.
Sensation d’être « déconnectée » de son corps.
Crises d’épuisement après des pics d’effort social.
Réponses de survie : lutte, fuite, figement et soumission — pourquoi le figement domine parfois
Le système nerveux propose quatre réactions de survie. Chez certaines femmes neurodivergentes, la réaction de figement (immobilité, dissociation, lenteur) est fréquente, surtout quand lutter ou fuir sembleraient socialement dangereux ou impossibles.
Pourquoi ?
Le masquage rend la réponse active risquée socialement.
L’épuisement prolongé épuise la capacité à mobiliser une réponse active.
Le figement peut sembler « calme » à l’extérieur, mais il est coûteux : énergie bloquée, manque de mouvement, somnolence, incapacité à effectuer même des tâches simples.
Signes de figement :
Engourdissement émotionnel ou physique.
Difficulté à initier des actions malgré l’intention.
Sensation d’être « coincée » dans le corps.
Hypervigilance et faux positifs : le système qui voit le danger partout
L’hypervigilance — état d’alerte permanent — est courante. Le cerveau neurodivergent peut détecter des signaux subtils (ton de voix, micro-expressions, odeurs) et les interpréter comme menaçants. C’est un atout en certains contextes (surveillance, créativité), mais cela coûte en énergie et déclenche des réactions physiologiques répétées (tachycardie, sueurs, tensions).
Effets :
Burnout apparent sans période claire de « surmenage ».
Réactions disproportionnées face à des stimuli apparemment mineurs.
Sensibilité aux changements d’environnement et aux imprévus.
Douleurs chroniques et somatisation : le corps qui porte ce que l’on n’ose pas dire
La douleur chronique (maux de dos, tensions cervicales, migraines) est souvent présente. Le corps mémorise la tension : contractions musculaires répétées, habitudes posturales figées, contractions respiratoires. Ces patterns deviennent des réflexes autonomes. Les approches purement cognitives ont du mal à défaire ces circuits ; le travail somatique vise précisément à libérer ce qui est « coincé » physiologiquement.
Pourquoi les conseils classiques échouent parfois
« Respire profondément », « prends un bain », « fixe des limites » — ces conseils ont leur place, mais ne suffisent pas toujours. Ils supposent que la personne peut accéder à sa régulation interne sur commande. Pour quelqu’un en figement ou en hypervigilance chronique, ces techniques peuvent paraître vaines, voire déclenchantes (exposition au silence, introspection forcée). Il faut des interventions qui respectent le seuil sensoriel et la capacité d’intégration progressive.
L’approche somatique : compléter, pas remplacer
Le travail somatique vise à :
Permettre au système nerveux d’achever ce qu’il a commencé (compléter les réponses de survie).
Réapprendre le mouvement, la respiration et la décharge en sécurité.
Réintroduire des micro-interventions accessibles au quotidien.
Exemples d’outils concrets :
Micro-pauses tactiles : presser doucement la paume, sentir un point d’ancrage.
Mouvements lents d’auto-rotation des épaules pour relâcher un pattern de tension.
Petites séquences de tremblements neurogènes (TRE) guidées, adaptées au seuil sensoriel.
Exercices de respiration courte et focalisée (ex. : 3 à 5 respirations longues et conscientes quand le corps le permet).
Ces pratiques doivent être proposées avec lenteur, permission et adaptation sensorielle.
Une pratique simple à essayer aujourd’hui en 2 ou 3 minutes
Objectif : retrouver un ancrage corporel rapide, sans pousser.
Assieds-toi confortablement, pieds posés au sol. Ferme les yeux si c’est acceptable, sinon garde le regard doux.
Pose une main sur la cuisse, l’autre sur le ventre. Sens le point de contact. Pas besoin d’analyser.
Inspire lentement sur 3 temps, expire sur 4 temps. Répète 4 fois. Si le souffle bloque ou provoque de l’anxiété, arrête et respire normalement.
Fait une micro-rotation des épaules : inspire, lève légèrement les épaules ; expire, laisse-les descendre. Répète 5 fois à ton rythme.
Remarque une sensation (chaleur, légèreté, picotement). Accueille-la sans jugement.
C’est un petit geste — mais il indique au système nerveux qu’il peut exister une alternative au maintien tendu.
Que faire si tu te sens figée après l’exercice ?
Si un exercice réveille des émotions ou une forte activation, prends une pause : pose les pieds au sol, bois une gorgée d’eau, retrouve un contact extérieur (regarder une plante, toucher un tissu doux). Si tu as un accompagnement professionnel, partage l’expérience. L’intégration est graduelle.
Conclusion : entendre le corps pour changer la stratégie
Comprendre que les corps neurodivergents répondent différemment au stress n’est pas une étiquette limitante — c’est une clé. Quand on nomme la manière dont le système nerveux fonctionne, on cesse de lutter contre soi-même. Le travail somatique propose des chemins concrets pour restaurer la circulation de l’énergie, desserrer les tensions et retrouver une présence plus souple et plus disponible.
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